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texte: John Riccardi | art: Sarah Raphael | musique: Jonathan Cole | traduction: Michelle Tran Van Khai
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La plupart des habitants
ne prêtaient pas la moindre attention à cette intrusion disciplinée,
même si parfois un représentant de la race canine bondissait en poussant
un grognement, ou si un spécimen de l’espèce féline traversait une pièce
à la vitesse de l’éclair puis grimpait jusqu’à mi-hauteur du plafond
en plantant ses griffes dans les murs, son instinct lui commandant de
fuir cette invasion. Il arrivait que des enfants à la sensibilité particulièrement
développée viennent troubler l’harmonie des pas pesants, rompant ainsi
cette avancée régulière, y introduisant ainsi un point de convergence
soudain. Parfois aussi, un adulte assez absorbé par sa tâche ou suffisamment
plongé dans ses pensées pour être imperméable à n’importe quel raz-de-marée
venu de l’extérieur divisait soudain la fatale progression ainsi qu’un
rocher dressé à la verticale fend momentanément un cours d’eau avant
que le flux ne se reforme en aval. La plupart du temps, le progrès et
le retrait réguliers de la troupe de soldats n’affectaient en rien la
conscience des habitants, n’influaient nullement sur leurs perceptions,
non plus qu’ils ne troublaient leur lucidité.
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De temps à autre, la compagnie
mettait à mort l’un des occupants d’une maison, estropiait méthodiquement
un dormeur sans méfiance et ouvrait des blessures susceptibles de s’infecter
avant de poursuivre leur trajet prédéterminé par le destin. Parfois
le devoir exigeait qu’ils encerclent un foyer et exterminent la maisonnée
tout entière, à l’exception toutefois des animaux domestiques. Impossible
de se défendre contre cela qui ne saurait être connu. Seuls une intense
concentration juvénile, ou un oubli total de soi-même chez un adulte
étaient parfois susceptibles d’amener les forces rassemblées à modifier
le trajet des missions qui leur étaient assignées.
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